Ouganda 5X8C 2012

5X8C-BienvenueAprès avoir tergiversé quelques semaines pour choisir une destination intéressante, notre choix s’est porté sur l’Ouganda. Les critères de choix d’un pays sont multiples : coût pour les opérateurs, sécurité, DXCC recherché etc… Les préparatifs de cette expédition ont été fastidieux. Il faut trouver un hébergement offrant la possibilité d’installer les antennes, une alimentation en énergie sûre, un site pas trop éloigné d’un aéroport, ayant une situation assez dégagée etc… Après plusieurs contacts infructueux, F5UFX Sébastien nous a déniché le « Country Lake Resort », un ensemble hôtelier remplissant tous les critères. Angela, la responsable de l’hôtel, nous a été d’un grand secours pour l’obtention de la licence, pour le dédouanement du matériel, pour le transport de l’ensemble de l’équipement vers son hôtel, et bien sûr pour le confort des participants. La constitution de l’équipe fut également problématique ; incroyable, il y a trop de graphistes et on ne trouve pas de spécialiste RTTY.

Une mauvaise nouvelle est tombée assez rapidement, F5UFX et F4AJQ, leaders, devront renoncer en raison de leur travail respectif. Mais ils ont tenu à mener à son terme l’organisation de l’expédition. Et leurs efforts seront récompensés… D’autres ont été également obligés de renoncer pour des raisons diverses. Nous souhaitions réunir une équipe de 24 opérateurs, en équilibrant les modes utilisés, CW, SSB, DIGI ; finalement, nous serons 24 au départ, puis 26 en fin de séjour.

Les participants viennent d’Allemagne, de Russie, des Etats-Unis, de Belgique, d’Irlande et de France. Nos amis allemands ont décidé de partir quelques jours avant le gros de la troupe afin de visiter le pays et participer à un mini safari.

F5UFX Sèb a finalement obtenu ses jours de congés à la dernière minute. C’est ainsi que nous nous retrouvons à 16 au départ de Paris le matin du 6 février 2013. La neige avait fait son apparition ce jour là, et c’est avec soulagement que nous constatons que tous les participants ont pu atteindre Roissy en temps utile pour prendre un vol pour Amsterdam où nous retrouvons F5UFX et ON7RN Eric. Nous embarquons ensuite pour Entebbe que nous atteindrons vers 22h30 après avoir franchi l’équateur deux fois de suite ; en effet, nous avons fait escale à Kigali qui se trouve dans l’hémisphère sud.

Petite appréhension au passage de la douane, car nous ne savons pas réellement si la négociation préparatoire a été menée à son terme. Mais finalement, après 5 minutes de discussion avec les douaniers, nous sommes hors de l’aéroport où nous attendent nos hôtes. Les expériences précédentes nous ont servi de leçon et deux minibus ainsi qu’un grand camion transporteront les opérateurs et le matériel.

A l’arrivée à l’hôtel, nous sommes attendus par la directrice et une partie du personnel. L’accueil est chaleureux ; une grande bannière « Welcome Ham Radio Club » a été installée sur le parking. Répartition des chambres, dîner, puis tout le monde se retire vers 2h30 pour un repos nécessaire car demain, il y aura du travail d’installation.

Le rendez-vous est prévu pour 6h du matin, mais les troupes ont eu du mal à se réveiller.

De toute façon, le jour ne pointera pas avant 6h30, et il vaut mieux prendre le breakfast avant de commencer le montage des antennes.

Plusieurs équipes sont constituées en fonction des spécialités : Spiderbeam, verticales, four squares, réseau informatique, stations etc… La salle de trafic est vaste, ventilée, et bien alimentée en énergie ; au cours de notre séjour, nous subirons de nombreuses coupures d’électricité, mais sans grande conséquence car le groupe de secours démarrait rapidement.

Nous disposons de terrasses et de zones herbeuses pour monter les antennes (5 Spiderbeam, 4 verticales, 2 four squares, 3 beverages et quelques bricolages habituels au cours du séjour). Vers 17h, l’essentiel du matériel est prêt, et après un petit briefing, les premiers CQ sont lancés sur les 6 stations simultanément. Le premier OM contacté est un français : Bravo à F8BBL ; il n’y a pas eu de sked, et Laurent devait probablement scanner toutes les fréquences annoncées.

Le planning de trafic a été établi à l’avance par F8BJI Jean Paul ; il a déjà fait ses preuves lors d’expéditions précédentes, et chacun s’y soumet sans discussion. Quatre opérateurs sont affectés à une station. Nous trafiquons par séquences de 2 heures suivies de 6 heures de repos la journée, puis séquences de 3 heures la nuit. Ce procédé permet d’avoir une nuit assez confortable tous les 3 jours. Nous utilisons 2 stations CW, 2 stations SSB, une station RTTY et une station mixte. Les émetteurs sont 2 x FT450D, 1 x TS590, 1 x TS480 et 3 x Elekraft K3. Chaque station est munie d’un amplificateur fournissant de 300 à 600 watts selon les modèles, d’un PC connecté au réseau local en Wifi (Merci F6CEL) et équipé de Wintest ou Logger32 pour la station RTTY. Cette année, nous avons tenté de transférer le log en direct sur ClubLog ; pour que cela fonctionne parfaitement, il faut une connexion Internet correcte. Chaque QSO saisi est transféré directement dans la base de données ClubLog  en temps légèrement différé (15 secondes pour le logiciel plus le délai d’acheminement). Chacun aurait pu voir la confirmation quasi  instantanée de ses contacts. Malheureusement, bien que le système ait fonctionné correctement à notre niveau, nous ne maîtrisions pas les coupures de secteur ainsi que les divers problèmes d’Internet, et quelques « ratés » ont provoqué des réactions qui ont pris des proportions surprenantes ; on a vu des gens supprimer leurs QSO de leur propre log car ils ne voyaient pas la confirmation de leur contact sur ClubLog !!!! Pourtant, lors d’un contact, il y a bien un échange d’accusé de part et d’autre… Alors pourquoi l’informatique devrait-elle prendre le dessus de l’humain ? Nous avons donc dévalidé la fonction de téléchargement en ligne et les logs ont été transmis « manuellement » une ou deux fois par jour.

En télégraphie, nous avons rencontré les problèmes habituels : indiscipline inacceptable en partie due aux machines de décodage CW utilisées par nos correspondants ; on ne décode plus à l’oreille ; on ne connait que son indicatif, et on appelle sans arrêt, espérant qu’à l’autre bout, l’opérateur voudra bien nous mettre dans son log. Si vous demandez « up 3 up 3 up 3 », le pile-up ne bouge pas d’un poil ; seules une station russe, un DL et un LZ ont compris et font donc le QSO tranquillement sur 3KHz au-dessus de la fréquence du DX ; les autres continuent inlassablement à envoyer leur call dans le paquet.

En SSB, on pourrait penser que c’est mieux, car là, le seul décodeur c’est l’oreille. Mais il n’en est rien. F2JD Gérard, vieux briscard des expéditions, a piqué des colères noires quand des stations (F en particulier) l’appelaient sans arrêt malgré ses demandes de QRX pour prendre un call dont il n’avait que 2 ou 3 lettres. J’ai retenu une phrase terrible de sa part, qui montre à quel point le radio amateurisme a changé : « Dans le temps, les radioamateurs étaient des gentlemen, maintenant, ce sont des voyous !!! » ; heureusement, il n’y pas que des voyous tout de même, mais la dérive empire d’année en année.

RTTY

La densité du trafic a été variable ; des pile-up intenses étaient suivis de périodes de propagation nulle. Tous les soirs, nous avons subi un black out de quelques heures au moment de la fermeture des bandes hautes ; puis tout à coup les bandes basses s’ouvrent et les pile-up reprennent. Toutefois, la propagation à l’équateur n‘est pas la même qu’en Europe, et il est probable que de nombreux OM ont pu penser que nous étions de piètres opérateurs. Il en est même qui ont critiqué le choix des bandes en fonctions des horaires. Il est vrai que, depuis la France, tout semble évident. Sur le terrain, c’est autre chose. Il faut composer avec les coupures d’énergie, le WX (nous avons subit quelques orages), le mauvais emplacement de certaines antennes, les centaines de mètres de câble coaxial, les perturbations d’une station sur l’autre etc. « Vous avez commencé le 12m beaucoup trop tôt, il fait encore nuit en France » oui, mais il fait jour au Japon…  nous avons l’habitude de ces remarques à la fois blessantes et inutiles. Bien entendu, ceux qui nous critiquent un jour nous remercient le lendemain lorsqu’ils ont réussi le QSO espéré… Dieu que tout ceci est lassant ! Les donneurs de leçons devraient se bouger un peu et nous montrer comment il faut trafiquer, choisir ses bandes, ses horaires, mais sur place, dans les conditions de l’expé ; c’est quand même bien mieux de rester le cul dans sont fauteuil à critiquer, voire insulter comme cela nous est arrivé cette année.

F5EOT Michel,  a eu la gentillesse d’organiser des sorties visites pour ceux qui le souhaitaient ; sur 4 jours, 16 membres de l’expé ont donc pu aller visiter Kampala la capitale Ougandaise, construite sur 7 montagnes. Il s’agit d’une ville typiquement africaine, avec ses problèmes de pollution, d’encombrement, de pauvreté etc… Ils ont pu visiter un musée, une mosquée, le palais des Rois et découvrir ce qu’était la vie (et la mort) à l’époque d’Amin Dada.

De jour en jour, la fatigue nous gagne ; les troupes ne sont plus très fraîches à la fin du séjour. Nous subissons journellement des nuages de moustiques qui ne sont finalement que des sortes de mouches qui ne piquent pas ; heureusement, sinon nous serions morts ; chaque matin, les employés de l’hôtel sont obligés de nettoyer les tables et balayent le shack ; ils en tirent un seau complet de bestioles mortes… !

Le 7ème jour, une belle surprise nous est arrivée par l’avion du soir : F4AJQ Frank et F5VHQ John,  qui n’avaient pas pu se joindre à nous, se sont libérés de leurs obligations professionnelles et ont pu ainsi participer à l’expédition pour quelques jours.

La veille du départ règne une  activité intense dans l’hôtel. Un podium, des tables et des chaises, des amplificateurs et enceintes sont installés tout prêt du four square 40m… gare au QRM ! Angela m’explique qu’il y aura un grand mariage le lendemain. En fait, tout ceci est pour nous. Dans l’après midi, nous réalisons les photos de groupe ; à 18h, nous sommes invités à nous rendre à l’accueil de l’hôtel.

Là nous attend un groupe de musiciens et danseurs locaux ; en musique, nous sommes conduits à travers le parc de l’hôtel en direction du podium. Nous sommes invités à prendre place ; des cocktails de fruits nous sont servis et le spectacle commence. Un peu dubitatifs au départ, nous sommes rapidement pris dans l’ambiance de la fête africaine car les musiciens sont de grande qualité, les danseurs (et danseuses…) également. La fête s’est poursuivie tard dans la nuit, mais les stations ne se sont arrêtées que le temps du repas.

La tradition KOP a donc été respectée ! Faire de la radio sérieusement sans se prendre au sérieux

 Le bilan : nous avons réalisé 81 251 QSO avec 187 DXCC contactés.

Merci à tous ceux qui nous ont contactés, qui nous ont aidés financièrement pour faire face aux désagréables surprises de dernière heure, à nos généreux sponsors :

Le Tokyo 610 DX Group, RFHam, le REF 94, le Méditerranéo DX Club, Spiderbeam, Wintest, DX Avenue, Le Lynx, le FWDXA, la Nippon DX Association, le TCDXA, le RC F5KMY et bien sûr nos amis fidèles du CDXC et de l’UFT.

Le team, devant : F2JD, F2DX, F2VX, ON7RN, F9IE.

 Derrière : ON4LO, FM5CD, F6ENO, DJ7JC, EI9FBB, F5UOW, UA9KGH, DL8OBF, F4AJQ, F5CWU, DF1LON, F5NHJ, DL1YFF, F5UFX, F8BJI, K4SV, F5NKX, F5VHQ, F5EOT, RG8K, F8IXZ

Texte: F6ENO